Comment se sentir plus alignée dans son quotidien de maman

Comment se sentir plus alignée dans son quotidien de maman : Interview Julie Mathieu

Comment se sentir plus alignée dans son quotidien de maman ? Par Julie Mathieu

Aujourd’hui, on accueille Julie Mathieu qui est coach parental et qui nous a également aidés au début du lancement d’Osmose (box de développement personnel) pour nous faire des feed-back sur le concept. Julie est spécialisée dans l’accompagnement des mamans, et les aide à se sentir plus alignées dans ce qu’elles font au quotidien et à créer de belles relations avec leurs enfants.

Comment faire pour lâcher prise, accepter les erreurs ?

Benjamin : Peux-tu te présenter et nous dire ce que tu fais aujourd’hui ? 

Julie Mathieu : je suis coach parental. Je me suis spécialisée dans le monde des mamans, je les accompagne à se sentir mieux, à trouver la joie dans leur quotidien, à se sentir plus alignées dans ce qu’elles font et ce qu’elles décident et à se sentir beaucoup mieux avec leurs enfants pour créer de belles relations.

Benjamin : peux-tu nous dire pour quelle raison tu t’es lancée dans l’accompagnement ? 

Julie Mathieu : avant, j’étais sage-femme. Lorsque je suis moi-même devenue maman, je me suis posée des questions, je me suis retrouvée confrontée à de grosses difficultés et j’ai dû beaucoup chercher pour trouver mes réponses. J’ai fait plusieurs formations et accumulé beaucoup d’infos avant vraiment de comprendre ce qui allait m’aider dans la vie de tous les jours. 

Benjamin : peux-tu nous détailler les difficultés que tu as rencontrées et que beaucoup de parents rencontrent finalement à leur début ?

Julie Mathieu : ça a commencé dès que j’ai eu mon premier bébé. C’était un peu déstabilisant car ça change toute ta vie, pour ton couple et tout ce qui se passe autour de toi. Comme j’avais cette étiquette de sage-femme, j’étais censée être celle qui sait donc j’avais encore plus cette responsabilité. Je pense que dans notre société, la responsabilité porte beaucoup sur la maman comme si elle avait cette connaissance instinctive alors qu’au quotidien, tu doutes tout le temps. Et lorsque mon fils a eu 2 ans, j’ai eu mon deuxième enfant, ma fille, et là aussi, je ne savais pas comment faire. Mon fils commençait à faire des crises et mes seules ressources à ce moment-là était de le punir, de le mettre au coin mais je sentais à l’intérieur de moi que c’était horrible, ça ne me correspondait pas. 

Donc, j’ai commencé à regarder ce qu’était la parentalité positive. A ce moment-là, ça a été le moment le plus difficile où tu prends conscience que ce que tu fais n’est pas le meilleur pour ton enfant mais que tu n’arrives pas à faire autrement. J’ai donc beaucoup cherché avant de trouver. Je me retrouvais à dire que je ne dois pas lui crier dessus, je ne dois pas le punir mais du coup, je ne sais plus quoi faire. 

Benjamin : c’est intéressant car on en parlait avant de lancer Osmose aussi bien avec toi qu’avec d’autres coach parental et avec des parents aussi. Il y a beaucoup ce côté culpabilisation « mince, je ne fais pas bien, je veux faire de la bienveillance mais je ne sais pas comment faire ». 

Comment as-tu réussi à changer, à lâcher prise, à accepter finalement que tu pouvais faire des erreurs comme tout le monde ?

Julie Mathieu : c’est tout à fait ça, c’est un revirement total. C’est marrant car mon accompagnement s’appelle « nouveau regard » et c’est ça, ce changement de paradigme presque. Déjà, je me suis donnée le droit à l’erreur et ça c’est quelque chose de très compliqué au début, d’arrêter de vouloir être parfait. 

Pour moi maintenant, la parentalité positive en version parfaite, c’est comme un phare qui va me guider sans être l’objectif à atteindre, ce qui baisse un peu la pression. Pour moi, la transition est de passer de la culpabilité à la responsabilité. C’est-à-dire que je prends ma responsabilité sur ce que je transmets à mes enfants, sur ce que je fais et ce que je dis mais je ne suis pas dans cette énergie de culpabilité. Cette culpabilité empêche d’aller de l’avant donc il faut enclencher une dynamique qui permettra d’évoluer. 

Benjamin : c’est intéressant car avec les box Osmose que l’on propose c’est justement que l’information ne soit plus « descendante », du parent à l’enfant, par exemple le parent qui demande à son enfant de gérer ses émotions alors que lui-même ne sait pas le faire. C’est difficile alors d’être un exemple là-dessus.

Comment se sentir plus alignée dans son quotidien de maman : Interview Julie Mathieu

Education collaborative et développement personnel

Benjamin : Que penses-tu du concept que nous avons envie de développer avec Osmose sur le côté « éducation collaborative », sur le fait que le parent va challenger l’enfant sur la gestion de ses émotions, sa confiance en soi… mais l’enfant est aussi le meilleur coach et pas que challenger envers le parent sur ses propres avancées ?

Julie Mathieu : c’est bien car c’est déjà ce qu’il se passe dans la vraie vie et, comme tu dis, quand on essaye d’aider son enfant à gérer ses émotions et à avoir confiance en lui mais que le parent à l’intérieur de lui ne se sent pas à l’aise lui-même, ça sonne faux. On est l’exemple de notre enfant donc si le parent ressent de la colère et donc s’énerve rapidement par exemple, l’enfant réagira de la même façon. C’est bien donc de pouvoir se retrouver là-dedans et j’irais même au-delà, les enfants vont challenger leurs parents mais ils sont aussi de supers guides parce qu’ils n’ont pas à déconstruire quelque chose, ils sont dans leur spontanéité, donc ils vont exprimer leurs émotions. Il suffit simplement de les laisser faire. Ce sont de bons profs finalement.

Benjamin : ils sont des bons profs car ils n’ont pas suivi de formation. 

Aider leurs enfants sur la gestion des émotions, est-ce que c’est quelque chose auquel les parents y consacrent de plus en plus d’importance et en prennent de plus en plus compte ou est-ce que ça stagne depuis plusieurs années ? 

Julie Mathieu : ce que j’observe beaucoup, c’est que de plus en plus, on va voir des ateliers pour les enfants sur la confiance en soi, sur la gestion des émotions… mais encore une fois, ces ateliers ne vont traiter qu’une partie de la relation puisque cela ne concerne que l’enfant. A la fin de la séance, l’enfant va rentrer à la maison avec son parent mais ce dernier ne sera pas outillé pour savoir comment l’accompagner. 

Je travaille vraiment du lien, donc c’est quelque chose qui se coconstruit et notre enfant a des manques de capacité au niveau de son développement neurologique pour gérer lui-même ses émotions. Donc c’est d’autant plus important que ce soit quelque chose de collaboratif à la fois de la part de l’enfant que du parent.

Benjamin : avec Osmose, c’est vraiment ce côté que l’on veut, que ce soit fait par les parents, car on trouve, via des échanges avec des parents, qu’il existe des gros manquements dans les programmes d’éducation pour les enfants à partir de 6 ans. On est très scolaire, sur les enseignements basiques (apprendre à lire et à compter…) mais pas du tout sur le côté développement personnel.

Quel est la place et le rôle de l'école dans l'apprentissage des compétences douces ?

Benjamin : quel est ton recul sur ce que fait l’Education même si les enseignants font pourtant tout ce qu’ils peuvent à côté mais ils sont débordés par le programme ?

Julie Mathieu : c’est ça, les enseignants sont débordés par les programmes et ils n’ont pas été formés pour l’apprentissage de l’intelligence émotionnelle. Ils font un peu ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, surtout aussi par leur propre vécu car c’est pareil, un enseignant, c’est comme un parent, il ne sait pas forcément exprimer ses émotions. Ce ne sera pas facile pour lui de montrer ça à ses élèves. 

On reste aussi dans un système éducatif encore très basé sur les performances, sur un certain type d’intelligence alors qu’on sait maintenant que les intelligences sont multiples, qu’il y a différentes façons de créer et de se développer. Ce n’est pas encore mis en place dans l’éducation nationale et avec 25-30 élèves dans sa classe, c’est compliqué, quand tu ne connais pas et que tu n’as pas d’outils, de mettre ça en place.

 

Benjamin : maintenant qu’on a fait ce constat, on se dit que l’Education va évoluer mais avec Osmose, on a envie d’aider les parents.

Conseils pratiques à destination des jeunes parents

Benjamin : comment conseillerais-tu les parents qui ont envie de faire évoluer les choses ? As-tu des bonnes pratiques ou des erreurs à éviter que tu voudrais communiquer ? 

Julie Mathieu : alors je ne sais pas si j’ai de bonnes pratiques parce que je n’aime pas tout ce qui est injonction de « il faut faire comme ci, il faut faire comme ça ». Ce qui est important, c’est de faire déjà en fonction de ses capacités personnelles et en se regardant soi-même avec bienveillance. Il faut avoir ce recul de se dire « ok, j’en suis là et je vais essayer d’avancer doucement pour améliorer les choses ». Il faut essayer d’améliorer la vie des émotions dans sa famille, la confiance en soi de tout le monde, laisser de la place à chacun pour s’exprimer mais il ne faut surtout pas se précipiter. C’est un processus compliqué et il faut prendre le temps, avancer doucement.

Benjamin : il ne faut donc pas culpabiliser, chacun avance à son rythme que ce soit parent ou enfant. 

Julie Mathieu : je trouve qu’il ne faut surtout pas se mettre la pression. La vie d’aujourd’hui fait que nous sommes beaucoup stressés, au niveau professionnel, familial, personnel. Il faudrait être parfait partout. Mais je pense vraiment qu’on a tous une grande marge de progression, de quoi grandir, se développer, être de plus en plus zen, heureux et serein. Mais l’important pour moi est de s’accueillir et de cultiver ce regard positif à la fois sur soi et sur ses enfants.

Benjamin : justement sur le fait de développer ce regard positif sur ses enfants, chez Osmose, on a énormément (90-95%) de mamans. Ce sont elles qui vont lancer ce changement. C’est beaucoup plus féminin d’être moteur là-dessus et c’est un cliché qui se vérifie même s’il y a de plus en plus d’hommes. 

Aurais-tu des conseils pour les mamans qui souhaiteraient changer mais comme c’est collaboratif, il faut aussi qu’elles arrivent à motiver leur mari ?

Julie Mathieu : pour moi, il y a 2 choses importantes. Le couple fait aussi parti des choses que mes clientes me ressortent beaucoup. En effet, les hommes seront plus suiveurs que pro-actifs et parfois certains papas ne sont pas du tout motivés car cela va à l’encontre des schémas établis de façon très forte. 

Donc, la première chose pour moi, c’est qu’il ne faut pas essayer de le convaincre, car ceci génère le plus souvent de l’opposition. La femme doit être comme le modèle et plus on montre sur soi, plus ça va générer chez l’autre l’envie d’essayer. Et il faut se dire qu’en tant que parent, chacun a son rythme mais aussi pour l’autre. Pour le conjoint, ça peut être un rythme totalement différent, il peut ne pas s’y accrocher par rapport à ses prises de conscience, par rapport à son histoire personnelle. 

Ce qu’il se passe aussi, c’est qu’on a une génération de papas qui ont encore été moins écoutés dans leurs émotions que les femmes. Souvent les femmes ont le plus souvent droit d’être tristes et les hommes ont le droit d’être en colère et encore, mais il y a vraiment cette notion d’homme qui doit être fort, résistant, qui ne doit pas pleurer, qui doit prendre soin. Il faut donc accepter que le conjoint avance à son rythme.

Benjamin : finalement, il faut vraiment lâcher prise et accepter que son conjoint soit seulement suiveur ou non. Avant tout, il faut montrer l’exemple en se lançant dans cette éducation collaborative avec son enfant et après voir si son conjoint a envie de suivre. 

Julie Mathieu : il faut lâcher le contrôle car de toute façon, dans un couple, on ne contrôle pas l’autre. Plus on veut changer l’autre, plus on entre dans l’opposition. On ne peut pas forcer les autres à changer. 

Benjamin : c’est intéressant car la première box familiale qu’Osmose va lancer, ce sera sur la gestion des émotions et il y a ce côté de vouloir changer l’autre, ce qui en effet peut énerver. 

Aurais-tu des conseils à partager, des expériences personnelles que tu as vécu pour aider tes enfants à mieux gérer leurs émotions ou toi-même en tant que maman à mieux gérer tes émotions ?

Julie Mathieu : je pense que ce qu’il y a d’intéressant dans la gestion des émotions, c’est qu’en tant que parent, voir notre enfant en colère ou pleurer, ça nous fait super mal et donc on a tendance à vouloir arrêter cette émotion le plus vite possible. On dira alors « ne pleure pas », « ça suffit », « ce n’est pas si grave ». Mais, il faut réfléchir au fait que par exemple, si toi-même, tu passes une mauvaise journée, tu rentres chez toi donc fatigué et énervé, ton conjoint te dit « ça suffit, ce n’est pas si grave », ça va encore plus t’énerver. 

Pour vraiment être dans cette posture d’accueil, c’est vraiment comprendre que l’émotion est utile et que si on la laisse s’exprimer, elle ne va pas rester. C’est vraiment quelque chose que j’ai ressenti à l’intérieur de moi car au début, les émotions de mes enfants, ça m’attrapait au ventre, c’était vraiment douloureux mais en fait maintenant j’ai réussi à prendre du recul, quand ils pleurent, ça me rend triste bien sûr, mais j’arrive à me rendre compte que je vais pouvoir beaucoup mieux les aider en laissant exprimer cette émotion qu’en essayant de la couper.

Benjamin : y aurait-il des routines ou des choses à mettre en place au quotidien régulièrement dans la famille pour faciliter ce genre de chose ?

Julie Mathieu : je pense qu’il y a pleins d’outils. Les livres sont un très beau support car dans les livres, on peut voir des émotions mais on peut aussi avoir quelque chose qui se passe pour le personnage et l’utiliser pour discuter. 

Et en tant que routines, c’est d’avoir des moments dans la journée, par exemple le soir au coucher qui est le moment le plus propice, où on est disponible. S’il y a quelque chose à dire, on est là. Et c’est vraiment un moment où on est attentif, présent pour l’enfant. Par exemple, « raconte-moi ta journée, je suis là pour t’écouter ».

Benjamin : une dernière question pour clôturer cette interview. 

Dans notre box, on propose un livret avec des activités mais on a bien noté qu’elles pouvaient ne pas fonctionner avec certains enfants. 

Pour supprimer la culpabilisation que peuvent avoir les parents notamment dans l’éducation bienveillante « c’est un mouvement à la mode, je ne suis pas assez bienveillant », quel message aurais-tu à leur transmettre pour tous ceux qui ont envie de se lancer mais qui ont l’impression de ne pas y arriver ?

Julie Mathieu : je pense que l’important c’est la relation donc tous ces outils, ces activités, c’est une proposition d’un moment avec notre enfant où on va pouvoir développer des compétences, pour apprendre des ressources mais ça reste une proposition donc si ce n’est pas le moment pour l’enfant ou pour le parent, on doit le respecter. On a ouvert cet espace, peut-être que l’enfant y viendra plus tard, peut-être pas mais surtout on « sème des graines ». J’en prends soin, peut-être que ça ne poussera pas tout de suite, peut-être même que ça ne poussera jamais mais j’ai pris le temps de semer les petites graines au fur et à mesure. A voir maintenant comment ça va évoluer au niveau de l’enfant.

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