L’importance des soft skills et de l’esprit critique – Interview de Solenne Bocquillon

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Solenne est la fondatrice de Soft kids, la 1ère application mondiale pour augmenter les chances de réussite et le bien-être des enfants en cultivant leurs compétences socio-comportementales.

Ton application Soft Kids permet notamment de développer les «softs skills» pour les enfants, qui seront nécessaires à leur employabilité dans plusieurs années. Pourquoi est-ce indispensable à ton sens de le faire, dès le plus jeune âge ?

En tant qu’ancienne DRH, j’ai beaucoup travaillé avec les collaborateurs sur le développement de leurs soft skills et j’ai pu constater à quel point c’était déjà trop tard pour certains collaborateurs. Il faut les aider à déconstruire certaines compétences ou comportement et réapprendre. Cela peut prendre beaucoup de temps et les freiner dans leur carrière et leur épanouissement personnel.

Les soft skills c’est quelque chose qui se cultive au quotidien et qui se développe sur plusieurs années. On n’a pas confiance en soi, on ne développe pas sa persévérance ou on n’apprend pas à collaborer du jour au lendemain…
C’est pour cela qu’il faut intégrer l’apprentissage des soft skills dans le quotidien dès le plus jeune âge. D’autant plus, lorsque l’on sait que les chercheurs qui ont évalué l’impact du développement des soft skills dès le plus jeune
âge, ont relevé une augmentation de la réussite scolaire, professionnelle (de meilleur emploi avec de meilleur salaire) et du niveau de bien- être. Comme j’aime à le dire, il n’y a que des avantages à cultiver les soft skills !

Tu proposes justement différents programmes au sein de Soft Kids, et notamment un sur la Pensée Critique. Quelles sont les notions / enseignements principaux que tu cherches à leur faire comprendre ?

La pensée critique est selon moi un enjeu de société et un élément indispensable à la survie de nos démocraties.
Dans un monde de plus en plus virtuel et digitalisé dans lequel les réseaux sociaux sont omniprésents, il est parfois difficile de faire la distinction entre le vrai et le faux. Il est donc important d’outiller chaque citoyen afin qu’il puisse se faire sa propre opinion face à une information.

Lorsque nous avons créé le programme «Esprit Critique» avec Estelle Roulin, la fondatrice de la Carabane «les ateliers philos» pour enfants, nous avons réfléchi à comment la pensée critique pouvait intervenir dans leur quotidien à l’école ou à la maison.

Nous avons échangé sur «les légendes urbaines» de la cour de récréation que nous rapportaient nos propres enfants et nous avons pris en compte le poids «du groupe» dans leur réflexion quotidienne.

Dès la primaire et encore plus au collège, le sentiment d’appartenance à un groupe tient une place tellement importante que non seulement il explique les situations de harcèlement scolaire mais aussi le manque d’affirmation de soi de nos enfants.

La dernière fois que j’ai travaillé avec des classes de CM1 et que je leur ai demandé ce que c’était pour eux l’esprit critique, beaucoup m’ont répondu «c’est critiqué»… Le chemin est donc encore long… C’est pour cela que dans le programme esprit critique de SOFT KIDS, l’enfant va tout d’abord apprendre à savoir ce qu’il pense lui et pas le groupe, puis il va se poser la question de pourquoi il pense comme cela (n’a-t-il pas des biais, est-ce que les choses ne pourraient pas être autrement…) et enfin il va apprendre à dire ce qu’il pense sans heurter les autres mais surtout que «c’est d’accord de ne pas être d’accord…».

En résumé, nous leur apprenons à se faire leur propre opinion et à dialoguer avec bienveillance.

Comment aider nos enfants à développer au quotidien leur esprit critique, afin qu’ils se fassent leur propre avis et prennent leurs propres décisions ?

Le développement de l’esprit critique passe tout d’abord par le développement de la confiance en soi. L’enfant doit avoir le sentiment que sa parole compte. Que son opinion est importante et qu’il peut ne pas être d’accord avec son entourage.

Un exercice assez simple à faire en famille et de discuter de ce que l’on a pensé du dessin animé que l’on a regardé ensemble. Quel a été le personnage que chacun a préféré ? Quel message les scénaristes ont voulu que l’on retienne ? Sur une note de 1 à 10 qu’est-ce que l’on mettrait ? Impossible que toute la famille soit d’accord sur tout et cela permet d’initier un dialogue.

La seconde étape, peut-être de regarder les pages ou les affiches de publicité et de demander à nos enfants ce que la publicité essaye de nous vendre. Est-ce que la promesse leur parait réaliste. S’il avait de l’argent est-ce qu’il achèterait ce que la publicité essaye de leur vendre ?

Enfin, essayer au quotidien de proposer des choix à vos enfants (en limitant à 2 choix dans un premier temps), car c’est en prenant l’habitude de choisir que nos enfants vont commencer à se forger leur propre opinion en fonction des choix quotidiens qu’ils auront faits. Par exemple, mettre des baskets ou des bottes les jours de pluie 🙂

Quelles sont les autres compétences socio- comportementales que tu trouves essentielles à enseigner / partager à un enfant et pourquoi ?

La compétence fondamentale du 21ème siècle, c’est apprendre à apprendre et à désapprendre. Dans les années 1980, les compétences d’un diplôme étaient valables 30 ans, aujourd’hui, c’est 2,5 ans. Et comme j’aime à le dire, nos enfants seront plus jugés sur leur capacité à apprendre, à s’adapter et à être flexible que sur la notoriété de l’école qu’ils auront fait. Ils auront 5 ou 6 métiers dans une vie et seront freelance et salariés à la fois. Ils doivent donc connaître et reconnaître leur méthode d’apprentissage.

Ensuite, au vu de l’avenir que l’on nous dépeint, il est essentiel de développer la résilience et l’accueil des émotions.
Nous sommes soumis à une surabondance d’information et tout le monde n’a pas les mêmes capacités d’absorption de ces informations.

C’est pour cela qu’il est indispensable que nos enfants sachent qu’il est normal d’avoir peur et d’être triste au même titre que se sentir heureux. C’est en acceptant ses émotions que l’on se sent bien au quotidien. Et dans un monde où l’anxiété augmente dès le plus jeune âge, il faut accompagner nos enfants vers l’épanouissement et les aider à s’émerveiller avec les petites choses du quotidien 🙂

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