Comment aider son enfant à garder confiance en lui malgré un échec ?
Question de Vincent à Caroline Jambon
Les bons réflexes face à une situation d'échec
Déjà, je pense qu’une des premières choses, c’est de savoir que pour un enfant, un adolescent, un adulte, c’est la même chose. C’est vraiment, je pense, quelque chose qui est commun. Ce qu’il faut c’est accueillir ce qui est. C’est à dire reconnaître la déception de l’enfant. Pas chercher à faire quelque chose, à dire tout de suite « ce n’est pas grave » mais
- « oui c’est vrai que c’est tellement décevant, ça te tenait à cœur de réussir et là tu as échoué.
- tu n’as pas réussi et ça te rend vraiment triste. C’est normal. Ça raconte quelque chose, ça raconte que c’était important pour toi de réussir.
- Tu avais mis des efforts et c’est normal d’être déçu ».
Voilà, déjà, être dans une démarche d’accueillir cette tristesse, cette déception et peut-être la peur aussi parce que ça fait peur d’être vu comme un nul, peur de ne plus jamais savoir faire quelque chose de nouveau donc être déjà dans cette démarche de dire :
- « oui c’est vrai, ça fait peur.
- Oui c’est vrai, ça rend triste.
- Oui c’est vrai, c’est très décevant ».
Déjà commencer par ça parce que la personne se sent comprise, accueillie et elle peut s’apaiser en se disant « c’est normal » et en plus je me sens comprise par quelqu’un qui compte pour moi donc déjà ça m’ôte un poids.
Utiliser le "discours de l'erreur"
Puis après, on peut aussi avoir un discours sur l’erreur, ça reflète un état de connaissances à un moment donné et qui peut évoluer. Ça veut dire qu’il n’existe finalement jamais d’échecs ou d’erreurs. Il existe seulement des expériences et c’est Jane Nelsen qui a conçu la discipline positive qui a une phrase que j’aime beaucoup qui dit « super tu t’es trompé mais qu’est ce que tu vas en apprendre« . En fait, c’est vraiment avoir cette démarche-là de dire mais l’erreur, c’est une information précieuse et l’échec aussi, c’est une information précieuse parce qu’elle va me donner des renseignements :
- « peut-être que je n’ai pas assez travaillé tout simplement. Je n’ai pas assez fait d’efforts. J’ai besoin de plus d’entraînement. Ok je vais m’entraîner plus. »
- « Peut-être que ma stratégie n’était pas bonne. Peut-être que j’ai besoin de plus de méthodologie, de voir des vidéos de démonstration, de demander de l’aide à quelqu’un. Peut-être que j’ai besoin de lire des livres pour apprendre à apprendre ».
- Elle me donne aussi des informations sur la nature de mon objectif. « Peut-être que l’objectif était trop élevé en fait et je ne l’ai pas atteint parce que je n’en étais pas capable et c’est ok. Ce n’est pas parce que j’ai raté que je suis un raté. C’est juste que j’ai peut-être besoin de revoir mon objectif. Alors je peux découper mon grand objectif en plusieurs sous objectifs, et surtout d’avoir des objectifs à court terme et puis de savoir comment j’ai réussi en fait. Comment je sais que j’ai atteint mon sous-objectif et puis prendre des notes sur la progression parce que la confiance en soi, elles se nourrit surtout de la perception de la progression.
Analyser les obstacles qui nous sépare de la réussite
C’est aussi d’analyser les obstacles à la réussite déjà pour les exprimer et les comprendre et puis les anticiper : Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Par exemple, un enfant a une mauvaise note à une dictée:
- « Qu’est-ce qui t’a posé le plus de problèmes dans cette dictée ? »
- « Et qu’est-ce qui t’a manqué pour réussir et du coup qu’est-ce que tu peux changer et par quoi tu vas commencer ?
- Quelle est peut-être la priorité à la prochaine dictée ?
- Qui est le ou les deux trucs sur lesquels tu vas focaliser ton attention et sur lesquels tu vas te dire que ça, ce sera tout juste ? »
Vous voyez, vraiment anticiper les obstacles, se faire des petits scénarios et se donner des objectifs réalisables et atteignables en fait. Et nous en tant que parents, être un bon modèle à imiter dans le sens où les enfants ne nous écoutent pas toujours mais ils nous regardent toujours, donc comment moi je gère l’échec. Est-ce que je suis capable de verbaliser ma déception sans être ni anéanti par un échec ni accuser les autres, c’est à dire assumer sa responsabilité « Voilà, je n’ai peut-être pas assez travaillé.
Peut-être qu’il me manquait des informations. Je vais aller les chercher et aussi se dire finalement en fait ça peut être amusant de relever des défis et il peut y avoir de la joie dans le fait de dire « ok là j’ai échoué mais par contre c’est génial parce que du coup, j’ai plein de nouvelles choses à tester » et donc ça peut vraiment être un côté presque amusant de dire « bon allez, comment je vais faire pour ajuster le tir ? »
[Vincent] C’est vrai que ce côté décryptage de l’échec est vraiment intéressant. Je me projette assez bien là-dedans et ça peut aussi, ça rejoint une interview qu’on a pu faire sur l’orientation des enfants, ça peut être aussi un décryptage de « finalement, ça veut peut-être dire que ce n’est pas la voie qui me correspond. Je suis en échec mais je me rends compte parce que le sujet ne m’intéresse pas, parce que finalement j’ai voulu faire comme les copains, je voulais jouer au foot, je suis mauvais au foot mais finalement, c’est parce que je n’ai pas envie d’y aller au foot ».
Parfois avoir confiance en soi, c'est savoir renoncer !
[Caroline] Le fait de décrypter peut nous donner plein d’informations, soit en effet derrière des pistes pour se dire quelles sont les prochaines étapes pour continuer dans la même direction, soit se dire finalement non, peut-être qu’il y a autre chose à expérimenter. Oui et c’est intéressant aussi, je vais juste rebondir, de dire quelqu’un qui a confiance en lui ce n’est pas quelqu’un qui persévère à tout prix. En fait, avoir confiance en soi et persévérer, ce n’est pas synonyme. Parfois avoir confiance en soi, c’est effectivement savoir renoncer.
Dire « non, ça fait non là, en moi » ou « c’est trop dur et je m’épuise, je suis en train de me maltraiter donc en fait je préfère renoncer quitte à revenir plus tard, quitte à faire différemment à prendre d’autres chemins ou vraiment renoncer ».
Mais avoir confiance en soi, c’est aussi être capable de dire « voilà, j’ai atteint ma limite, je suis en train de maltraiter mon corps, de me maltraiter mentalement et donc je vise plus bas où je prends plus de temps ou j’y reviendrai plus tard, ou peut-être pas ». Mais en tout cas, et il doit savoir que ça, c’est ok. Ce n’est pas une preuve de faiblesse, ce n’est pas une preuve de nullité, c’est juste qu’à un moment, je sais m’écouter.
Donc on en revient aux étages de la confiance, il faut savoir aussi avoir cette sécurité intérieure, cette capacité à écouter ses émotions, ses sensations, quand c’est trop c’est trop. Si ça fait « non », ça fait « non » et puis du coup aussi, avoir cette confiance dans le monde pour savoir que j’aurai d’autres opportunités et que ce n’est pas la fin du monde ni d’un monde.