Comment intégrer les profils HPI dans le monde du travail
Question de Vincent à Magali Barcelo, psycho praticienne spécialiste dans l’accompagnement des personnes HPI et HPE.
Arrivée à l’âge adulte, dans le monde du travail, y a t’il des choses qui se mettent en place ? J’imagine que les profils HPI sont très complémentaires avec d’autres types de profils
Magali Barcelo : Il y a des frémissements. Ça commence quand même à bien bouger du côté des entreprises puisque dernièrement, j’intervenais pour parler du haut potentiel dans une grosse enseigne dans laquelle les managers s’interrogeaient sur « comment s’y prendre avec ce genre de profil ».
Effectivement, ça bouge. Il est évident que ce n’est pas simple quand on a un profil comme celui-là parce que, comme de la même façon qu’avec les enfants et les ados, le relationnel est assez difficile et leur façon de travailler n’est pas toujours bien perçu.
Il y a quelques mois, j’accompagnais un monsieur de 40 ans et pour lui, c’était difficile car il était dans une entreprise depuis un certain temps déjà et il a été chahuté par sa hiérarchie et d’autres personnes parce qu’il va très vite et qu’on prend ça pour de la fainéantise ou on considère qu’il ne fait pas assez ou pas bien alors qu’en fait, il a toujours les résultats mais pas comme on voudrait, dans le sens qu’il ne passe pas par les mêmes étapes mais le résultat est là et tout se passe toujours très bien. Il était brillant dans son métier. Dernièrement, il a décidé de le quitter car ça devenait insupportable et ça s’est mal passé.
J’en parle car c’est souvent pour ça que les personnes viennent me voir, avec des problèmes relationnels en entreprise où ils ne sont pas perçus à la hauteur de ce qu’ils sont et avec leur façon de fonctionner. Forcément, ils dérangent parce qu’ils sont brillants, ils vont très vite et bien souvent ils s’ennuient en réunion car ils ont déjà compris la fin avant que tout soit déplié. C’est difficile mais en même temps, ils doivent aussi comprendre que les autres ne fonctionnent pas comme ça.
Chacun doit s’ajuster et il faut savoir que la plupart des HPI préfèrent travailler seuls, soit ils créent leur entreprise, soit ils travaillent en libéral, en indépendant parce que bien souvent, si le cadre de l’entreprise ne les soutient pas dans leur besoin de liberté, d’expression, dans leur créativité, ça peut alors être très souffrant et si à un moment donné, quelqu’un supporte mal car ça gène de voir quelqu’un qui fait vite et bien, alors c’est très difficile. J’ai vu une jeune femme qui était dans une entreprise depuis plusieurs années. Son manager était une femme très ouverte et qui avait compris son fonctionnement sans vraiment mettre de mot dessus mais ça se passait très bien. Cette personne a été remplacée par une autre qui n’avait pas du tout la même vision, ça s’est très mal passé, et ça s’est terminé par un licenciement. Très souvent les HPI ne sont pas à l’aise dans le collectif.
Le positif est que vous disiez qu’il y a une prise de conscience progressivement et la formation sur cette thématique qui se fait.
Magali Barcelo : Oui il y a l’AFEP qui propose des formations aux enseignants dans le cadre de l’éducation depuis longtemps.
Il y a de plus en plus de formations dans les entreprises dans lesquelles on intervient pour aider les managers ou les personnes elles-mêmes en difficultés pour les aider à mieux communiquer, à s’intégrer et à créer des passerelles avec des personnes qui ne fonctionnent pas de la même façon. Il y a des associations qui se créent dans des grands groupes, des grandes entreprises qui regroupent des personnes qui fonctionnement comme ça mais moi, ma crainte c’est que ça reste quelque chose d’élitiste ou on va mettre de groupe à part et on va oublier qu’il y a d’autres personnes.
On reconnait la particularité, la singularité de ces profils mais il faut en faire quelque chose et ce ne sont pas des gens supérieurs, il s’agit de gens qui ont une façon de fonctionner qui peut rendre les choses meilleurs et plus vite. Ils sont en effet plus intelligents à certains moments dans certains domaines parce qu’ils ont ce fonctionnement cognitif mais on peut très bien avoir des aptitudes et ne pas savoir s’en servir.
Ce qui compte, c’est déjà de se connaitre, de savoir comment l’on fonctionne et de mettre ses aptitudes au service du monde, au service des autres et de comprendre les autres et de se faire comprendre par les autres. Il y a de plus en plus de formation dans ce sens. J’ai mis en place une formation avec une collègue avec qui je travaille depuis longtemps sur la formation des professionnels de l’accompagnement (les coachs, les formateurs, les psys, les thérapeutes) qui accompagnent ces profils et qui ont besoin de clés pour mieux les accompagner parce que l’on n’accompagne pas un profil atypique de la même façon qu’un profil non atypique.
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