Comment diagnostiquer le fait d’être HPI (Haut Potentiel) ? par Magali Barcelo
Question de Vincent à Magali Barcelo, psycho praticienne spécialiste dans l’accompagnement des personnes HPI et HPE.
[Vincent] Vous disiez que vous étiez rentrée dans cet univers-là grâce à votre fille et que ceci vous a permis de vous rendre compte que vous aviez vous-même ce profil. Comment peut-on savoir qu’on a ce genre de profil ou que son enfant l’ait ?
Comment peut-on savoir qu’on a ce genre de profil ou que son enfant l’est ?
Magali Barcelo : je pense qu’au départ, on ne se pose pas la question.
Pour ma part, on me disait souvent que ma fille était très éveillée, très curieuse, qu’elle allait vite. Elle a commencé à parler très tôt et très bien. Elle n’est pas passée par le langage « bébé ». Il y avait des signes comme ça qui faisait dire qu’elle était amusante.
Mais, il y a eu des moments moins amusants parce qu’elle avait aussi des colères terribles pour des petits détails, elle avait besoin de rituels, de certaines choses. Il y a eu des étapes un peu difficiles mais plusieurs éléments me montraient que moi, toute petite, j’étais un peu comme ça.
A l’école, j’étais un peu plus avancée que les autres, il y avait plusieurs niveaux et on me faisait faire le travail des classes au-dessus mais ça n’a pas duré très longtemps. Après, je me suis mise au diapason. Donc le fait de savoir que ma fille me ressemblait, ça ne m’a pas plus interrogée que ça. Oui, elle était plus éveillée mais par contre, elle était moins agile que d’autres enfants de son âge par exemple.
A partir de là, il y a eu des moments où elle pleurait pour partir à l’école, ce qui était surprenant parce qu’elle avait très très envie de rentrer à l’école et elle y était très bien dès la rentrée mais elle a commencé à pleurer. Je me suis donc interrogée et d’autres personnes autour de moi qui étaient plus avancées sur le sujet m’ont conseillée de creuser de ce côté-là. C’est comme ça que j’ai découvert le sujet, je me suis renseignée et au final, tout bien réuni, on a bien compris qu’il y avait quelque chose qui n’était pas comme les autres.
Elle était au CP, elle savait déjà lire, je me souviens d’une anecdote où un jour, je lui faisais faire sagement ses devoirs, elle devait réviser les sons TR.A-TR.O-TR.I-TR.U…, elle me regarde et éclate en sanglots. Elle m’explique qu’elle en a marre de lire ces sons. Je me suis alors rendue compte qu’effectivement elle savait déjà lire « Le club des 5 » toute seule depuis un certain temps. Donc, que faire dans ces cas-là ?
"Ma fille a fait un test de QI"
J’ai donc exploré la question et ma fille a fait un test de QI avec un psychologue qui est le seul à être habilité à faire ce genre de test. Mais, ce n’est pas le seul test qui va révéler si on a le profil HPI ou d’autres. C’est un ensemble de choses. On a donc eu la confirmation que notre fille était un enfant précoce, à haut potentiel. Donc il faut la suivre car la scolarité ne sera pas forcément facile. On a tendance à penser que lorsque l’on a un haut potentiel, la vie nous sourit et que l’on n’a pas besoin de s’inquiéter pour ces gens-là mais ce n’est pas tout à fait vrai. Il faut vraiment s’interroger (comment ça vient ? Qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce qui est proéminent chez eux ? et comment on fait pour qu’ils se sentent bien ?). Mais, le diagnostic n’est pas toujours nécessaire.
Auparavant, on parlait surtout des enfants précoces mais pas des adultes précoces car « adulte précoce » ne veut rien dire. Ce qu’on n’explorait pas et qui n’était pas médiatisé, c’est qu’il s’agissait d’un fonctionnement cognitif bien particulier qui ne reste pas tout le temps de l’enfance, on le garde toute sa vie. On se retrouve donc avec des adultes qui ont se fonctionnement, des adultes à haut potentiel. Ça a été mon cas car moi, je n’ai jamais été identifiée HPI quand j’étais enfant, on a voulu me faire sauter une classe mais mes parents ont refusé. Je me suis toujours sentie à ma place, je ne me suis jamais sentie surdouée mais j’avais en effet ce fonctionnement cognitif. 95% des adultes à haut potentiel le découvre lors du diagnostic de leur enfant. Maintenant, ça va peut-être évoluer puisqu’il y a une grosse médiatisation.
Est-ce que les parents HPI ont plus de chance d’avoir des enfants HPI ?
Magali Barcelo : Oui, ça se transmet. D’où l’intérêt de faire les tests pour connaitre son fonctionnement cognitif. Je l’ai appris lors d’une conférence. Le conférencier nous a dit que si on a un enfant précoce, c’est qu’un de ses parents l’est également. C’est ce qui m’a mise sur la voie. Mon mari n’a pas voulu savoir mais moi, j’ai fait le test pour en avoir confirmation. Et on peut aussi se questionner sur qui nous l’a transmis parmi nos parents. Et lorsque dans une fratrie, il y a un enfant déclaré à haut potentiel, en règle générale, les autres le sont aussi mais ça ne s’exprime pas toujours de la même façon.