Comment faire grandir notre confiance en nous ?
Questions de Vincent à Caroline Jambon
[Vincent] Qu’est-ce que tu mets derrière le therme ‘confiance en soi’ ? Quelqu’un qui a confiance en lui, est-ce quelqu’un qui ne doute jamais ? Les timides, ce sont des gens qui n’ont pas confiance en eux ? Est-ce que c’est aussi caricatural que ça ?
Ce que l'on est capable de faire et ce que l'on PENSE être capable de faire.
Alors vraiment, la confiance en soi c’est à mettre en lien avec les capacités : ce que l’on est capable de faire. Même au-delà de ce qu’on est capable de faire, c’est ce qu’on se pense capable de faire et c’est là aussi où se joue la nuance. C’est la réponse à la question :
- ai-je les ressources nécessaires pour faire face ?
- Est-ce que je me sens capable dans mes ressources personnelles ?
Et en fait, ça va dépendre aussi de la tâche à laquelle je vais faire face et puis même du domaine dans lequel je vais m’engager.
- Il y a une confiance en soi globale qui se rapproche un peu de la valeur de l’image que je me donne.
- Et puis, la confiance aussi sur des sujets spécifiques. Ce n’est pas la même selon si je parle de gym ou si je parle de géométrie, ou si je parle de pâtisserie. Même au sein d’un même domaine, est-ce que quand je parle de pâtisserie, est-ce que c’est la même chose de faire un gâteau au yaourt que de faire des éclairs au chocolat ?
Donc vraiment, la confiance en soi englobe tout ceci et ce qui est intéressant de comprendre, c’est qu’en fait, elle est donnée a posteriori. La confiance en soi n’est pas donnée à la naissance, elle se construit sur les expériences passées, ça commence par ça justement.
Les 4 grands échelons de la confiance en soi
[Echelon 1] Si je sais faire un gâteau au yaourt, ça vient nourrir ma confiance en soi et c’est mon premier échelon, c’est la première marche de l’escalier sur laquelle je pourrais m’appuyer pour ensuite faire quelque chose d’un petit peu plus compliqué.
Du coup, je vais continuer à construire des compétences donc ma confiance en soi va continuer à augmenter. Plus je vais devenir compétent pour plusieurs tâches dans un domaine, plus je vais avoir confiance en moi dans ce domaine.
Et puis, plus je vais élargir le nombre de domaine dans lequel j’ai confiance en moi, plus ma confiance en moi générale, dans la vie, dans les autres, dans un monde aussi donateurs et qui m’apporte des stimulations va augmenter.
Donc vraiment, la confiance en soi se construit dans le temps. Elle n’est pas donnée et puis c’est aussi le produit d’une histoire familiale, sociale et scolaire aussi. Ma confiance en soi est donnée par la manière dont les autres me traitent, donc les parents en premier lieu quand on est bébé mais aussi l’entourage de manière plus globale : la famille élargie mais aussi les amis et puis les enseignants.
- Est-ce qu’on a cru en moi ? Est-ce qu’on m’a encouragée en me disant « ça va prendre du temps mais tu vas y arriver ». Est-ce qu’on a valorisé mes efforts, mon travail plutôt que simplement le résultat. C’est à dire qu’au lieu de dire « tu as une bonne note ou une mauvaise note », c’est « Là, tu as eu 12 alors que tu avais 10 la dernière fois. Ça, ça s’appelle du progrès et puis en plus, tu as mis des efforts tu peux être fier de toi ». Ça dépend aussi comment mes parents, mon entourage m’ont sollicitée car on m’a souvent demandée « et toi, qu’est-ce que tu en penses ou comment ça te fait quand on fait ça ou quand on dit ça ? Et pour toi, qu’est-ce que ça donne ? ».
- Voilà c’est aussi d’apprendre à exprimer mes émotions et puis à prendre de la place, apprendre à être dans mon corps, à occuper l’espace, à m’affirmer, si mes parents ont validé mes sensations, est-ce que quand j’avais faim ou plus faim, est-ce qu’ils insistaient pour je continue à manger ? Est-ce qu’ils me disaient de finir mon assiette, quitte à me couper de ma sensation ? Est-ce qu’ils me donnaient le droit de pleurer ? Toutes ces petites choses du quotidien aussi vont participer à construire une confiance en soi globale. Et puis, elle se construit vraiment étage par étage. Bébé, en fait, les parents et l’entourage permettent de construire la sécurité intérieure à travers une contenance, à travers un contact physique. Par exemple, porter un bébé en portage ou en écharpe ou même à bras, va participer à construire cette sécurité intérieure. C’est le premier étage de la confiance. Les massages aussi, les positions un peu contenantes pour les bébés, tout ce qui va le sécuriser, c’est le premier étage de la confiance.
[Echelon 2] Après, par-dessus ce premier étage, on va construire aussi la confiance dans le corps, la sécurité corporelle et ça revient un petit peu à ce que je disais tout à l’heure sur le fait de respecter les sensations.
Un enfant qui dit qu’il n’a pas froid, on ne va pas le forcer à mettre un manteau parce qu’en fait, on brouille ses sensations ou un enfant qui a chaud, on va le laisser enlever son manteau aussi. On ne va pas lui dire « mais non il ne fait pas froid ». Si, si l’enfant le dit, c’est qu’il a froid.
C’est aussi toutes ces petites choses, le laisse affirmer ses goûts, le laisser dire « non », le laisser être en colère parce que la colère a une valeur réparatrice où il va s’affirmer, se restaurer et affirmer sa personnalité.
Ça, ça participe à construire la confiance en soi et notamment dans le corps.
[Echelon 3] Après, il y a un autre étage de la confiance qui, pour nous, dans le langage courant, ce qui est synonyme de la confiance, c’est les compétences.
Ce que je disais tout à l’heure, c’est les compétences possédées parce que je sais que j’ai déjà réussi des choses et puis la croyance dans le fait que je peux développer d’autres compétences
[Echelon 4] Enfin un quatrième étage de la confiance en soi, ça va être la sécurité relationnelle.
C’est le fait vraiment de croire que le monde est bon, de savoir que je peux m’appuyer sur les autres parce que les autres m’ont démontrée dans le passé qu’ils pouvaient être soutenants, encourageants et puis même présents.
Voilà ces quatre étages vont me donner ma confiance en moi, en les autres, et en la vie en fait.
La confiance en soi ce développe étape par étape, dans le bon ordre.
C’est une des choses que je mettais dans l’introduction de mon livre sur la confiance en soi, c’est à dire que ça ne sert à rien par exemple de vouloir faire la liste des qualités de mon enfant parce que je vois qu’il manque de confiance en lui donc je faire des petits jeux, des petites activités et je vais lui dire de lister cinq de ses plus grandes qualités.
Mais si à côté, je lui dis « arrête de pleurer » dès qu’il est triste ou si à côté, je nie ses sensations corporelles justement en lui disant « finis ton assiette » ou « mais non, il ne fait pas si froid » ou « mais non, il ne fait pas si chaud » ou « allez ce n’est pas grave, ça ne sert à rien de te mettre dans cet état.
On voit bien que ça ne marche pas parce qu’il n’aura pas cette confiance dans son corps et puis sur « je peux compter sur ce que me dit mon corps, sur mes sensations, sur mes émotions » donc j’aurai beau faire la liste de mes qualités, ce sera un peu branlant, j’aurai toujours un manque à l’intérieur, ce sera toujours en insécurité parce que je ne serai pas ancrée, je ne serai pas confiant dans mon intériorité, dans mon corps. C’est pour ça qu’il y a vraiment cette idée d’étages et que ça ne sert à rien de vouloir avoir des exercices, des conseils, des rituels si on ne s’engage pas d’abord dans une éducation bien traitante, respectueuse et un accompagnement émotionnel bienveillant.
Enfant comme adulte, la confiance en soi se développe à tout âge.
Oui en fait, l’idée est aussi de dire l’intelligence est plastique, c’est à dire qu’à tout âge avec des efforts, du travail, des stratégies, on peut acquérir de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences donc oui. Sinon la psychologie, enfin la psychothérapie, n’existerait pas si on dit que tout est figé tout le temps. A tout âge on peut réenclencher un cercle de confiance en soi mais c’est quand même plus facile d’élever des enfants sécurisés et qui ont confiance en eux. A l’âge adulte, c’est plus difficile.
Et à l’inverse un enfant qui peut être accompagné dans ses émotions où les parents vont faire une démarche attentive à cette construction de la confiance en soi, s’il rencontre des enseignants très autoritaire, qui vont être très tranchants sur les notes, qui vont être dévalorisants… parce qu’il en existe encore je ne dis pas que c’est tous les enseignants, mais il en existe qui le son. C’est pareil avec les amis.
Quand on parle d’harcèlement c’est aussi ça, c’est de venir déstabiliser la confiance en soi donc il peut y avoir aussi des obstacles, des épreuves de vie qui vont venir un peu bousculer cette confiance en soi mais en fait, quand les bases sont solides et quand les parents ou en tout cas l’entourage, ça peut être des grands-parents, des tantes, on parle souvent des parents parce que ce sont les plus proches mais l’entourage a aussi un rôle à jouer, est justement resté dans cette démarche de « oui, là c’est difficile, j’entends ta peur, j’entends ta déception, j’entends ta tristesse, vas-y pleures tout ce dont tu as besoin de pleurer », on peut atténuer les coups durs de la vie et rester aussi sur une démarche de « allez, on garde une base solide », ça ne va pas tout ébranler le château de cartes en fait.
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