Aujourd’hui pour le blog Osmose, on accueille Juliette Siozac qui est fondatrice de « Mon Moment Magique », autrice et conférencière. Elle nous présente sa vision des choses et nous révèle ses trucs et astuces pour vivre une vie la plus heureuse possible.
Vincent : Bonjour Juliette. Merci d’être là, aux interview Osmose. On est particulièrement content de t’avoir avec nous puisque ton livre sera dans la toute première box Osmose. C’est chouette de pouvoir discuter avec toi mais pas que du livre on va aussi parler aujourd’hui, au sens large, du bonheur. Peux-tu d’abord te présenter ?
Juliette Siozac : avec plaisir, je suis l’heureuse maman de deux adorables filles qui ont 6 et 13 ans et c’est aussi avec elles et pour elles que je me suis lancée dans tout ce monde du développement personnel et du bien-être pour les enfants. Il y a 6 ans, j’ai créé « Mon Moment Magique » (MMM) qui est un concept d’ateliers bien-être initialement pour les enfants et qui a ensuite évolué pour toute la famille. Ces ateliers sont animés par 600 ambassadeurs et ambassadrices qui sont présents sur les 5 continents. Dans ces ateliers, il s’agit de l’éveil ludique au développement personnel, on apprend aux enfants à prendre soin d’eux, à ralentir et à se connecter à l’instant présent.
Vincent : tu es aussi autrice et conférencière. Quelle définition donnes-tu au terme « bonheur » ?
Juliette Siozac : C’est une bonne question, chacun à sa définition du bonheur. Avec tout le travail que j’ai déjà fait sur moi et que j’ai vu autour de moi, je dirai que le « bonheur », c’est simplement « se sentir bien au moment présent ». Beaucoup de personnes voient le bonheur comme quelque chose de global, sur du long terme, alors que moi, j’essaie vraiment de me centrer sur l’instant présent, de me concentrer, de savourer et de construire pleins de petits moments magiques et de bonheur qui vont ensuite s’additionner les uns à la suite des autres.
Vincent : c’est vrai qu’on a tendance à ne pas suffisamment se concentrer sur ces petits moments de bonheur alors que finalement on en a toujours.
Juliette Siozac : sinon on passe notre vie à courir et on ne profite pas de ces petits moments et on passe à côté.
Vincent : si le « bonheur » était une recette, quels seraient ses ingrédients ?
Juliette Siozac : le premier ingrédient, ce serait de se connaitre, déjà savoir qui on est, ce que l’on aime, ce que l’on n’aime pas. Le deuxième ingrédient serait de s’aimer, une fois que l’on se connait, il me semble important d’apprécier qui on est et de se sentir bien avec nous-même. Le troisième ingrédient serait d’être en lien avec les autres, parce que l’on peut bien sur nager dans le bonheur tout seul mais c’est quand même bien plus chouette et plus sympa de pouvoir nager dans le bonheur avec les gens qui sont autour de nous. Pour ça, il faut réussir à créer ces liens. Le quatrième ingrédient serait d’exprimer ses émotions et ça c’est vraiment très important aussi car ça va influer sur pleins d’autres choses et dans la continuité, j’ajouterai d’oser s’affirmer. Si on arrive à s’affirmer, cela nous permet d’accéder plus facilement à des choses qui nous plait. Mon dernier ingrédient serait de rêver. C’est hyper important de rêver, de se projeter, de toujours voir plus loin, de voir plus grand.
Vincent : ce qui rejoint ce que tu disais tout à l’heure de prendre le temps de profiter. C’est principalement un travail sur soi, ce qui n’est pas évident surtout pour s’affirmer sans pour autant s’imposer ni être trop en retrait. C’est ça que tu abordes avec « Mon Moment Magique » ?
Juliette Siozac : c’est ce que nous essayons de transmettre avec les enfants. S’ils acquièrent toutes ces petites ressources qui sont simples et précieuses, en étant enfant, cela deviendra des réflexes pour leur vie d’adulte.
On commence donc chaque atelier par un groupe de paroles où on invite les enfants à se présenter, à partager leur éveil émotionnel du moment et donc à se demander comment ils se sentent à ce moment-là : est-ce que je suis fatigué, intimidé, surexcité, est-ce que j’ai faim ?… A chaque fois, ils regardent donc à l’intérieur d’eux et vont pouvoir comparer leurs propres émotions et réussir à les identifier en les partageant avec les autres enfants.
On fait aussi des cercles de paroles dans les ateliers pour que les enfants puissent parler, oser prendre la parole, écouter aussi ce que peuvent partager les autres. Se rendre compte qu’il existe des points communs, qu’il y a des différences, être dans le non-jugement mais dans la bienveillance. Ces valeurs-là sont très importantes pour toute la vie.
Comme les ateliers sont composés de petits groupes entre 6 et 10 enfants, c’est plus facile pour eux que par exemple à l’école où ils sont 30 élèves et où la prise de parole est donc moins aisée. Les ateliers ressemblent à des petits cocons avec un/e animateur/rice qui pose un cadre sécurisant, rassurant. Les enfants ont plus de facilité pour dépasser certaines peurs ou au contraire pour freiner certaines ardeurs.
Vincent : donc ce petit cocon ressemble beaucoup au cocon familial avec une fratrie où il faut laisser la parole à chacun. Et toi, est-ce un travail que tu as fait, de mieux te connaitre, d’exprimer ou est-ce que c’était inné ?
Juliette Siozac : certaines choses étaient déjà innées, j’étais plutôt extravertie dans ma vie. Après c’est aussi un gros travail que j’ai fait au fur et à mesure des années. L’univers du développement personnel s’est manifesté devant moi il y a à peu près 8 ans, et j’ai pris le temps d’explorer, d’expérimenter, de partager, de comprendre, de prendre du recul et d’avancer doucement. Et en vivant tout ça avec ma grande fille qui à l’époque avait 5 ans, je me suis dit que je devais lui apprendre. Je trouvais dommage de ne pas avoir pu apprendre ceci à l’école. J’ai donc eu envie de transmettre tout ça à ma fille, j’ai commencé avec elle puis avec les enfants de mon entourage et j’ai continué avec d’autres. Toutes ces ressources sont importantes à acquérir enfant car adulte, c’est moins évident.
Vincent : où as-tu trouvé ces ressources, plutôt dans les livres, plutôt dans l’échange avec des personnes qui avaient déjà fait ce travail ?
Juliette Siozac : j’ai beaucoup lu au début que ce soit des livres, des articles sur internet, j’ai regardé des vidéos. J’avais besoin de comprendre, d’identifier les différents points de vue, les différentes techniques. Puis, ce qui m’a beaucoup aidée, ça a été de pouvoir partager, échanger avec des coachs, des thérapeutes en ayant eu un travail plus poussé, plus concret surtout pour pouvoir mettre en application tout ce qui était « théorique » que j’avais découvert.
Par exemple, pour les émotions, j’ai travaillé en coaching. J’avais beaucoup de mal à ce niveau et je me rappelle d’un exercice où je devais noter tout au long de ma journée, dans chaque situation, tout ce que je ressentais comme émotion, ça m’a permis de me rendre compte que j’avais énormément d’émotions dans la journée. C’est là que je me suis rendue compte que je n’exprimais pas toutes mes émotions surtout celles plutôt négatives, je les enfouissais bien et donc ça masserait à l’intérieur alors qu’au contraire, il est préférable de les accueillir, de les exprimer et que je me laisse traverser.
Donc ça a été un travail que j’ai découvert tardivement car quand j’étais petite, à l’époque, on ne parlait pas des émotions. Dans le cadre familial, il s’agit donc d’un challenge pas évident pour petits et grands au final.
Vincent : comme tu dis, il y a un grand pas entre la théorie et la pratique. Si on revient sur cette notion de bonheur, est ce qu’on est forcément dépendant des éléments extérieurs ?
Juliette Siozac : c’est un peu des deux en fait car les éléments extérieurs vont influencer notre niveau de bonheur à travers de grosses tempêtes de la vie (deuil, accident, maladie, séparation…). A ce moment-là, on va se demander « mais comment je fais pour trouver le bonheur là-dedans ? ». Après il faut se dire aussi qu’il s’agit de phases donc même dans les périodes le plus difficiles, il y a un petit cadeau que l’on mettra plus ou moins longtemps à identifier.
Il faut aussi savoir faire preuve de résilience afin de pouvoir avancer malgré les épreuves. C’est pour ça qu’il faut toujours avoir en tête que le bonheur se trouve dans tous ces petits moments de la vie. Chaque épreuve nous rend plus fort, des fois, la douleur et le chagrin sont longs à encaisser mais avec un peu de travail sur soi, un peu de résilience et un peu de bonne volonté, on peut arriver à le transformer.
Vincent : sans aller jusqu’à des situations aussi dramatiques qu’un deuil ou de ce type-là, on voit quand même que certaines personnes sont de nature optimiste tandis que d’autres ne le sont pas. Et cet optimisme, est-ce quelque chose que l’on peut travailler ? Est-ce un travail que tu as pu faire ? Que penses-tu de cette approche-là ?
Juliette Siozac : alors moi, je suis plutôt de nature optimisme mais il y a des moments où je vois tout en noir et dans lesquels je peux tout remettre en question. Mais ce sentiment peut repartir très vite si un autre élément de la vie très simple et agréable apparait.
Je pense que l’optimisme peut se travailler. Il existe des personnes pessimistes et si de temps en temps on leur apporte des petites touches, ça va les aider à voir la vie autrement. Mais des fois, des gens toujours optimistes peuvent aussi être fatigantes. Je pense que la richesse dans tout ça est surtout l’échange, de pouvoir s’aider les uns des autres et de s’ouvrir à d’autres points de vue.
Vincent : c’est vrai que notre entourage est le principal élément extérieur important. Tu parles de point de vue, c’est très intéressant car ça rejoint la thématique des normes, des codes et parfois on va justement ne pas être soi-même. On a besoin de se connaitre et de s’affirmer, ce qui n’est pas évident lorsque l’on va dans le sens inverse des autres, des codes parce que l’on n’a tout simplement pas envie de suivre le groupe. Mais comment peut-on réussir à affirmer ses choix ?
Juliette Siozac : si on se connait, si on sait ce qui nous fait du bien et qu’on arrive à les exprimer, ce sera plus facile de s’affranchir de ces normes et de pouvoir s’affirmer pleinement. Aujourd’hui, on est quand même dans un monde où il y a pleins de normes mais il y a aussi tout autour quelques soit les domaines où chacun a le droit de s’exprimer. Moi, j’aime bien être dans le cadre mais tout en sortant aussi selon les gens, les moments, les projets. Il faut aussi savoir se couper du monde, savoir s’éloigner de ce que l’on n’aime pas. Par exemple, moi, je ne regarde jamais les infos car là aussi, on essaie de nous faire entrer dans une espèce de cadre et je n’ai vraiment pas envie d’y entrer. C’est très important de savoir se respecter.
Pour revenir sur le sujet des enfants, il faut savoir leur expliquer qu’ils ont le droit d’être eux-mêmes, qu’ils ont le droit aussi d’être différents, qu’ils ont le droit de ne pas penser comme les autres, de ne pas avoir envie de faire comme les autres, d’avoir envie d’être seuls…Il faut leur montrer qu’il est important d’écouter ce que les autres disent et ce qu’ils ressentent, c’est ainsi que tout le monde se respecte. C’est le développement de l’empathie qu’on essaie de travailler et qui est fondamental dans notre monde d’aujourd’hui.
Vincent : je trouve en effet que l’empathie est une valeur très forte. Avec « Mon Moment Magique », comment se travaille l’empathie ? Quels sont les grands principes que vous utilisez ?
Juliette Siozac : par exemple, dans ma vie de maman, j’essaie vraiment de le mettre en avant et de le faire avec mes deux filles. Aujourd’hui, elles ont une grande empathie l’une comme l’autre. Elles ont cette grande valeur-là ancrée en elles.
Pour moi, c’est le lien aussi avec exprimer ses émotions, écouter celles des autres en fait et de pouvoir aussi réussir à détecter l’émotion de l’autre même si celui-ci n’arrive pas exprimer ce qu’il ressent, par des gestes, des regards, des attitudes.
On essaie de le faire dans les ateliers par cet effet de petits groupes. C’est plus facile. On peut identifier certains enfants qui ne seraient pas à l’aise, on va aller les voir, discuter avec eux afin que les enfants se sentent reconnus. C’est un vaste sujet. Au Danemark, des cours d’empathie sont obligatoires dans les écoles depuis 1993. J’espère qu’un jour, il y en aura dans toutes les écoles du monde et qu’on pourra apprendre cette notion aux enfants depuis tout petit.
Vincent : je voudrais revenir sur le fait que tu évitais de regarder les infos. C’est marrant car ça rejoint ce que disait Thomas d’Ansembourg dans son interview, ce côté où il faut réussir à prendre du temps pour soi « 3 moments de 3 minutes par jour » pour faire le point avec soi-même, se concentrer sur le positif et notamment en effet ne pas commencer sa journée en écoutant les infos.
Juliette Siozac : alors là, il a tout à fait raison. Mais ça marche aussi pour le soir, car tu t’endors en ayant entendu les infos qui sont toujours négatives.
Moi, je n’utilise pas les « 3 moments de 3 minutes par jour » mais j’utilise les heures miroirs, comme 14h14, 20h20, à ce moment-là je m’arrête et je me fais une petite pause. C’est du coup, pleins de petits moments dans ta journée où tu arrêtes ce que tu es en train de faire et tu souffles. Il est important d’avoir ces petites microcoupures sinon on se retrouve tous à courir partout, les parents comme les enfants car ils ont le même rythme effréné que nous.
Vincent : tu parlais de l’école au Danemark mais c’est assez connu que les pays nordiques sont pas mal en avance, on peut le dire, sur ce sujet-là. On avait une interview sur ce sujet où on voyait que l’objectif de l’école en lui-même est pensé différemment. Pour toi, penses-tu que l’école doit avoir un rôle à jouer sur la thématique du bonheur ?
Juliette Siozac : c’est de donner aux enfants une « boite à outils du bonheur » avec pleins de petites routines, pleins de petits rituels qu’ils vont apprendre à utiliser à l’école et qu’ils utiliseront ensuite dans leur vie quotidienne.
On parlait tout à l’heure de météo des émotions mais si tous les maitres et les maitresses commençaient leur journée en demandant eux enfants comment ils se sentent, ça permettrait aussi de voir l’ambiance de la classe (enfants fatigués, qui ont besoin de prendre l’air, surexcités…). Cette approche émotionnelle est vraiment très importante. Il faut aussi apprendre aux enfants de faire des pauses. Il y a celle imposée par la récré mais peut-être que l’organisme de l’enfant n’est pas forcément calé pour faire la pause à cette heure-ci.
Peut-être que des positions de yoga pour les enfants qui perdent facilement leur concentration les aideraient à la retrouver rapidement. Il faudrait être plus à l’écoute des enfants. J’ai bien conscience que c’est difficile, les classes sont nombreuses, pas toujours adaptées en termes de matériels et d’aménagement mais juste autoriser les enfants à se lever de leur chaise ou les autoriser à faire des étirements au lieu de leur dire d’arrêter de bouger. Ce sont des petits détails, certains enseignants le font. C’est juste rendre un peu plus vivant et plus respectueux aussi ce qu’il se passe dans les classes et apprendre aux enfants à se connaitre « je n’arrive plus à me concentrer, je bouge beaucoup, donc je me lève et ça va mieux ». Le cerveau des enfants a besoin de bouger pour mieux apprendre et rester assis sur sa chaise toute la journée sans bouger, c’est dur.
Vincent : depuis le début d’Osmose, on échange beaucoup avec des enseignants et ce qui est chouette, c’est qu’il y en a de plus en plus qui essaient de mettre ça en place avec leurs moyens. Ce qui revient beaucoup, c’est « ce n’est pas une priorité des programmes » et « peu de moyens et pas de formations sur tout ça ».
Juliette Siozac : oui, c’est ça le problème.
Vincent : interviens-tu un peu dans les écoles ?
Juliette Siozac : nous intervenons dans un cadre périscolaire, le midi et en fin de journée. Dans un grand nombre d’écoles, on fait des ateliers MMM que nous avons vraiment adaptés aux enfants qui en fin de journée sont fatigués, énervés et qui ont plutôt besoin de se détendre et de se défouler.
Dans les classes, on n’intervient pas encore. On a expérimenté un certain nombre de choses pour pouvoir accompagner les enseignants car on en rencontre de plus en plus autour de nous qui ont conscience que ça pourrait leur être utile mais qui ne savent pas comment faire faute de formations.
Mais ces interventions débutent par bouche à oreilles, par réseau, les ambassadrices interviennent dans les classes de leurs enfants. Il n’y a pas encore de cadre vraiment posé car il y a le cadre de l’éducation nationale et il est difficile d’en sortir. Mais ça fait partie des projets de pouvoir développer des moments magiques dans les classes et de pouvoir aider les enseignants.
Vincent : ce serait super, je vous souhaite le meilleur dans ce projet. C’est aussi le constat que l’on a fait, c’est d’ailleurs ceci qui a motivé le lancement d’Osmose. La thématique du développement personnel tout aussi bien pour les parents que pour les enfants, c’est principalement à la maison que cela peut se faire.
Ceci amène une question que j’avais sur l’influence. Je veux être là pour accompagner au maximum mes enfants mais comment je peux en même temps les guider, les accompagner, les motiver sans non plus les influencer car la vie que je mène n’est pas forcément celle qu’ils ont envie, ce n’est pas forcément celle qu’ils ont besoin. Comment peut-on aider nos enfants sans les influencer pour qu’ils arrivent à trouver leur place, y’a-t-il un juste milieu ou un cadre à poser ?
Juliette Siozac : ce n’est pas facile. Ce qui est chouette et c’est ce qu’Osmose propose, c’est quand les parents et les enfants avancent ensemble, chacun découvre, chacun peut partager. Il y a des familles qui ont mis en place des conseils de famille dans lesquels chacun va pouvoir poser une problématique, discuter et les choix seront pris ensemble selon les envies et les besoins de chacun.
Après naturellement, les parents vont influencer leurs enfants, ils sont censés représenter des modèles, des guides, ils sont censés être soutenants donc les enfants vont se calquer dessus. Après soit ils vont imiter leurs parents, soit ils vont se rebeller. Puis ça va évoluer au cours de leur vie. Les parents ont normalement une influence la plus positive possible et si les parents sont sur le chemin du développement personnel, ils vont pouvoir entrainer leurs enfants avec eux et accepter qu’ils ne soient pas comme eux. Il s’agit d’un travail pour toute la famille. Tout le monde arrive à s’exprimer, à s’écouter. C’est l’art de vivre ensemble en fait.
Vincent : dans cet art de vivre ensemble, concernant le conseil de famille, nous, on l’a expérimenté plusieurs fois mais on n’a pas encore réussi à l’inclure dans notre quotidien mais c’est vrai que c’est un concept super chouette. Nous, on l’a abordé avec « l’atelier gigogne » qui propose des kits pour aider les familles à mettre ça en place et c’est vrai que ce temps d’échange où on se pose pour se féliciter, questionner et discuter crée du lien et c’est un bon moyen pour empêcher les mal-dits ou non-dits tout simplement.
Juliette Siozac : après le conseil de parole peut simplement se faire, c’est ce qu’on fait à la maison, à table le soir comme un moment de gratitude. Chacun va pouvoir raconter sa journée, ce qu’il a aimé, ce qu’il au contraire, n’a pas aimé. Ce qui permet de créer une discussion surtout dans le positif et encore une fois, ça nous aide aussi à nous connaitre, à partager, à écouter et respecter les autres. Ce qui crée des liens forts.
Vincent : j’ai un retour d’expérience là-dessus pas plus tard qu’hier soir avec ma fille qui nous dit à table « alors qu’est-ce que vous avez aimé dans votre journée ? ». C’est chouette quand les enfants d’eux-mêmes se posent la question de ce qu’ils ont aimé ou non dans leur journée. On parlait tout à l’heure de se consacrer sur le positif et ce serait effectivement un premier pas.
Juliette Siozac : et ça marche avec les tous petits. Quand on a commencé, ma fille avait 3 ans. Au départ, elle disait qu’elle aimait manger les coquillettes et après ça fait travailler les souvenirs, la mémoire et elle parle d’autres choses de sa journée comme « j’ai aimé aller au parc ». C’est aussi l’occasion pour les parents de partager leurs valeurs, de partager le contenu de leur journée car souvent les enfants racontent leur journée mais les parents ne disent pas grand-chose.
Vincent : as-tu d’autres astuces/routines que tu as mis en place pour développer cette notion de bonheur ?
Juliette Siozac : oui, ce que j’adore faire en tant que maman et que nous faisons également dans les ateliers, c’est un moment magique en duo, c’est le câlin magique.
En fait, le parent s’assoit, l’enfant vient s’asseoir sur ses genoux mais face au parent, cœur contre cœur et il est important que le câlin dure au moins 20 secondes, car en 20 secondes, il y a l’ocytocine, la fameuse hormone de l’amour et du plaisir qui se libère, et elle va contrer l’effet du cortisol, l’hormone du stress. Au bout de 20 secondes, l’hormone de l’amour et du plaisir est forte dans le corps et quand on fait ce câlin on sent la douceur qui monte en nous. Faire ce câlin-là aux enfants juste avant qu’ils se couchent, ça permet de les apaiser. Ce câlin permet de nourrir le lien entre le parent et l’enfant. Même nous, on sent vraiment une sensation de bien-être nous envahir. Ça marche aussi lorsque l’enfant fait une grosse colère, le parent est démuni car il ne comprend pas, il faut proposer à l’enfant s’il veut un câlin afin d’apaiser cette colère et éviter une dispute.
Avec les ados, on peut aussi proposer un câlin et des fois, ça permet de réenclencher la discussion. Ce câlin est très important. Malheureusement, beaucoup de parents ne prennent pas le temps de faire de câlins à leurs enfants car par exemple, ils n’en ont pas eu étant petits, donc ils n’ont pas le reflexe et ils n’en ressentent pas le besoin.
Vincent : Ta fille qui rentre dans l’adolescence accepte vraiment ces câlins ?
Juliette Siozac : oui, après ça l’énerve quand ça dure trop longtemps. Donc, je sens qu’il y a un moment où elle me repousse et je le vis mal. Donc je lui demande comment on peut faire pour nourrir mon besoin de câlin et nourrir le sien sans que ça l’énerve, et donc on a mis en place un code. En fait, on se fait le câlin et quand elle en a marre, au lieu de me repousser, elle fait le code comme ça je comprends que c’est terminé et je respecte son choix. Notre code, c’est un bisou. C’est une rupture plus douce pour moi et comme ça j’arrive encore à faire des câlins à mon ado. Je savoure ce petit moment car j’ai conscience que ça ne va pas durer.
Vincent : dans mon introduction, je disais que nous avions la chance d’avoir dans notre première box, ton livre et un de tes conseils dans le magazine où tu nous parles de transformer nos émotions. Peux-tu nous dire rapidement ce en quoi ça consiste de transformer nos émotions ?
Juliette Siozac : dans le magazine, j’ai donné des exemples de rituels, afin d’identifier nos émotions, pour pouvoir ensuite les laisser sortir de nous, ce qui nous permet après de nous sentir de nouveau apaisé. Il y a un rituel donc sur la peur, la colère, la tristesse, la joie et sur l’amour.
Vincent : dans ton livre, il y a pleins d’idées, pleins d’ateliers. Comment conseillerais-tu les parents qui vont le recevoir dans leur box ou qui l’achèteront en librairie ? Comment peuvent-ils le mieux possible profiter de ton livre ?
Juliette Siozac : pour en profiter le mieux possible, c’est d’abord de laisser les enfants autonomes avec le livre. Je l’ai construit en 30 rendez-vous avec à chaque fois une thématique. Soit on le prend selon l’émotion du moment, par exemple il y a un chapitre sur la joie, si l’enfant se sent particulièrement joyeux, l’enfant va regarder ce chapitre. Il y a des petits rituels de proposés, tout est écrit de manière simple avec des illustrations ou alors on peut le prendre comme un jeu et au hasard, on prend un rituel peu importe la thématique utilisée.
La manière dont les parents peuvent accompagner leurs enfants, c’est de les aider à se créer un cocon, un petit coin refuge, une petite bulle pour eux où ils vont pouvoir pratiquer ces rituels donc ça peut se faire simplement dans la chambre avec des coussins ou sur le lit, de s’assurer que les enfants peuvent avoir une peluche, un doudou, un petit verre d’eau. C’est vraiment un moment pour eux où ils vont pouvoir savourer leurs rituels. Il y a peut-être des enfants qui vont avoir envie d’être accompagnés et d’autres qui préfèreront s’affirmer et d’être seul pour vivre ça.
Mon conseil aux parents est d’écouter leurs enfants et qu’ils respectent leur volonté et surtout qu’ils soient dans une posture d’encouragement. C’est l’occasion de faire une pause, de ralentir, de se recharger en énergie, de se détendre. Les parents doivent aussi prendre soin d’eux et montrer l’exemple aux enfants. Encore une fois, les enfants imitent leurs parents.
Vincent : merci beaucoup Juliette. On a parlé de pleins de choses. C’était vraiment chouette. Merci pour tous ces partages. Juste pour finir, pour toi, pour « Mon Moment Magique », quelle est l’actualité ? Quels sont tes projets ? As-tu quelque chose à communiquer à ceux qui nous écoutent ou qui nous regardent ?
Juliette Siozac : la grosse actualité du moment est mon tidix. J’ai vraiment hâte de regarder la vidéo pour pouvoir la transmettre autour de moi.
Le gros projet sur lequel on travaille, c’est « Mon Moment Magique à l’hôpital », pour pouvoir proposer des moments bien-être aux enfants hospitalisés, aux familles et au personnel soignant. Ça fait de longs mois que nous sommes sur ce projet qui devrait voir le jour début 2022.
Je suis actuellement en train de retravailler sur le site de « Mon Moment Magique » pour qu’il y ait un module de réservation des ateliers qui soit encore plus fonctionnel.
A partir de la rentrée, on propose régulièrement des ateliers en ligne. On a commencé lors du confinement, ça s’appelle « MMM à la maison » et on a de plus en plus de demandes soit sur les thématiques spécifiques, soit avec nos partenaires que l’on invite, donc on va essayer de faire un calendrier un peu plus riche.
Je suis aussi en train d’écrire un livre pour les femmes qui sortira d’ici 1 an.